Embarquez pour un voyage gastronomique africain à la découverte de l’Histoire du piment et de l’échelle de Scoville.
Aujourd’hui, préparez vos papilles car nous allons plonger dans l’univers brûlant mais fascinant des piments. Plus précisément, nous allons explorer l’histoire du piment et l’incroyable échelle de Scoville, tout en faisant un petit détour par l’Afrique pour un voyage gastronomique africain des plus pimentés. Vous êtes prêts ? Attachez vos ceintures (et vos estomacs) !
L’Histoire du piment :
Le piment, cet ingrédient qui peut transformer un plat ordinaire en une expérience culinaire intense, a une histoire aussi riche et colorée que ses variétés. Il est une branche de la famille des solanacées, tout comme la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre. On en cultive 5 espèces dont découlent près de 3000 variétés : le Capsicum annuum, le Capsicum baccatum, le Capsicum chinense, Capsicum frutescens et le Capsicum pubescens.
Originaire d’Amérique du Sud (Bolivie, Pérou) il y a 7000 ans, il s’est diffusé dans toute l’Amérique du Sud et Centrale, sans oublier les Caraïbes : merci les oiseaux de les avoir disséminés ainsi, car insensibles à la capsaïcine, contrairement aux mammifères.
A partir de la fin du 15ème siècle, l’Europe va connaître un bouleversement. Les échanges avec l’Inde, via la route terrestre de la soie (bonjour à Marco Polo), deviennent plus compliqués avec l’instabilité politique de certains empires traversés, ou plus chers avec les taxes en augmentation érigées par ces mêmes empires (et oui, déjà à cette époque 😊).
Outre la précieuse soie, il était rapporté des épices, dont le poivre, la plus prisée. Les épices étaient une manière de montrer son statut social, car seule la classe dominante pouvait en profiter. Mais la hausse de la demande et le contexte géographique renchérissant fortement les épices, des navigateurs ont été mandatés pour découvrir une nouvelle route des Indes et éviter ces empires pour approvisionner les états en direct : une sorte de circuit court avant l’heure 😊.
Christophe Colomb choisit le cap à l’Ouest, pour arriver en Amérique Centrale. Quand Vasco de Gama prit, lui, le parti de contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance découvert quelques années plus tôt par son compatriote Bartholomé Dias. Il arriva direct (ou presque) en Inde sur la côte Malabar. Et un comptoir des épices s’établira à Goa.
Après ce petit cours d’Histoire-Géo, très raccourci mais essentiel pour la suite, qu’en est-il du piment dans tout ça ?
Et bien, c’est notre célèbre Cristobal Colomb qui le rapporta d’Amérique, en Europe. Comme il pensait rentrer d’Inde, il l’appela logiquement…..« le poivre d’Inde »😂. En plus de s’être trompé de destination, pas de fortune à l’horizon. Le poivre ayant été répandu dans toute l’Europe, le piment n’ pas vraiment trouvé son public, notamment car souvent jugé souvent trop fort et avec moins de subtilité de parfum. De plus, il s’acclimate super bien à la péninsule hispanique, et le pays basque : c’est toujours le cas du côté d’Espelette et du Béarn. Le piment n’aura donc pas la même destinée précieuse, en Europe, que son cousin le poivre qui continue d’être l’apanage des grands de ce monde, à l’instar de la cannelle ou de la muscade.
Mais le piment va reprendre son périple avec les navigateurs portugais, qui le diffusent au gré de leurs colonisation ou l’établissement de comptoirs commerciaux : Cap Vert, Guinée Bissau, Ghana, Sao Tomé e Principe, Mozambique, Sénégal, Tanzanie etc…. La mondialisation des échanges ne date donc pas d’aujourd’hui, et voilà comment notre piment bolivien a rapidement été adopté dans de nombreuses cuisines africaines.
Sans compter son introduction en Inde et dans la région asiatique (Malaisie, Indonésie, Japon…) où on le retrouve dans les emblématiques préparations de curry ou de sambal. Et comme l’Histoire aime les bizarreries, le piment est même revenu vers le continent européen par voie terrestre, en passant par la péninsule arabique. Et c’est de l’empire Ottoman qu’il ira, au gré des conquêtes, jusqu’en Hongrie, où une variété autochtone sera développée : le paprika.
Aujourd’hui, l’Inde est le plus gros producteur mondial de piment.

L’échelle de Scoville: mesurer le Feu 🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥🔥
Wilbur Scoville, le héros américain de notre histoire, a introduit en 1912 l’échelle de….Scoville : classe de donner son propre nom de son vivant à une invention 😊. Cette échelle mesure la « chaleur » des piments, ou plus scientifiquement, leur teneur en capsaïcine, le composé chimique responsable de la sensation de brûlure. La capsaïcine est concentrée dans les graines et dans les veines intérieures du piment.
Scientifiquement, notre ami Wilbur a imaginé de diluer un piment écrasé avec de l’eau sucré, et a mesuré le nombre de dilutions nécessaires à ne plus ressentir le goût piquant. Imaginez que pour 1ml de Pepper X, il faut…2 693 litres de solution sucrée 🌶️🌶️🌶️🌶️🤪.
L’échelle vous donne un aperçu avec les piments les plus connus. A savoir que les plus forts sont issus de croisement pour les renforcer en capsaïcine.Les mesures vont du poivron doux à 0 unités Scoville jusqu’au redoutable piment Carolina Reaper, qui peut atteindre plus de 2 millions d’unités Scoville, et récemment le Pepper X officiellement déclaré plus fort du monde, avec quand même 2 693 000 unités !
Les Champions du Piment en Afrique
Saviez-vous que l’Afrique est le foyer de certains des piments les plus savoureux du monde ? Par exemple, le piment africain Bird’s eye, souvent utilisé dans les cuisines malgache et mozambicaine, peut facilement vous faire transpirer avec son intensité de 100 000. Même si bien sûr il ne faut pas sous-estimer le Habanero, largement cultivé et consommé en Afrique de l’Ouest, qui est un véritable test de courage pour des papilles non habituées (entre 100 000 et 350 000).

Bienfaits du piment
Au-delà de ses saveurs, il semblerait que le piment puisse permettre dans certaines contrées, notamment en Afrique, de protéger des bactéries certains aliments comme la viande : une sorte de conservateur naturel sans nitrite avant l’heure.
Ce blog ne remplace en rien un avis médical, mais le piment serait bénéfique pour la santé grâce à ses vitamines et minéraux (cuivre, fer, magnésium, potassium). Et même s’il a 3 fois plus de vitamine C qu’une orange, pas sûr que vous en mangiez en même quantité ! Sa consommation modérée renforcerait le système immunitaire et favoriserait la digestion car limitant la production d’acide gastrique. En petite quantité, il agirait comme coupe-faim et brûle-graisse, idéal pour les régimes.
Le piment est utilisé en médecine, pour lutter contre les douleurs, en particulier en posant des patch de capsaïcine sur une zone pour désensibiliser les récepteurs de la douleur.
A savoir qu’il n’y a pas vraiment de danger à tester du piment très fort, comme on le voit parfois dans des épreuves de show TV : même si l’instant peut s’avérer insupportable, le piquant n’est qu’une sensation sur les muqueuses de la bouche, et n’aurait pas d’incidence sur les voies digestives. Les effets ressentis sont une auto-défense de la bouche, et celle-ci peut être particulièrement exacerbée. Et si le piment est trop chaud, cela peut déclencher la sudation, ce qui régule la température du corps: une sorte de clim, en définitive 😂
Attention cependant : il est fortement déconseillé d’en manger si on a des problèmes d’estomac : ulcère, reflux gastrique…et problèmes hémorroïdaires. Il faut aussi éviter de mettre du piment près de muqueuses comme les yeux, les narines, et ne pas en mettre sur la peau irritée ou blessée, ce qui peut vite arriver si on prend le piment avec les doigts. Tout comme ne pas en donner aux enfants en bas âge.
Et la cuisine dans tout ça ?

De la sauce pili-pili ou piri piri aux mélanges d’épices comme le suya, du rougail tomate réunionais à la sauce sakay malgache, le piment est devenu synonyme de cuisine exotique, de saveurs audacieuses et de plats mémorables. C’est une véritable star, parfois redoutée, du voyage gastronomique africain.
3 petites astuces de cuisine avec piment
Première chose à savoir : on ne consomme jamais les feuilles du piment, qui sont toxiques à cause de la solanine qu’elles contiennent, tout comme celle des tomates ou des pommes de terre
Autre conseil : pour en atténuer la force, il est préférable de rajouter le piment en cours de cuisson, et surtout entier; ainsi ses pépins renfermés ne libèreront pas toute leur puissance. Vous le laisserez mijoté en fonction de la chaleur que vous souhaitez.
Et si l’expérience du piment en cuisine ne vous tente pas, sachez qu’il existe une variété très intéressante : le piment végétal (ou végétarien), très répandue aux Antilles et en Afrique. Cette variété donne le goût du piment, différent du poivron, mais quasi sans teneur en capsaïcine : entre 1 et 4 seulement. Un piment cool en fait 😊
3 exemples de piment en cuisine
La sauce pili pili : grand classique qui est sur toutes les tables africaines, à base de purée de tomates, poivron, condiments et bien sûr du piment oiseau. Un de mes premiers souvenirs chaud chaud du Gabon !
Mélange kankan ou suya mix : originaire d’Afrique centrale et de l’Oust, c’est un mélange à base d’arachides grillées et d’épices, dont le piment, pour assaisonner les viandes grillées.
Le poulet piri piri : emblématique du Mozambique, c’est un poulet ouvert en crapaudine, et généreusement enduit d’une marinade à base de piri piri (piment oiseau), de poivron, de citron, d’ail , de paprika et d’huile. Il est ensuite grillé sur un barbecue pour lui donner ce léger goût de fumée incomparable.
Bien sûr, toutes les recettes africaines n’utilisent pas de piment, et nous avons fait le choix de ne pas en mettre dans nos recettes pour l’instant, mais lorsque vous savourerez un plat pimenté, souvenez-vous du périple de ce petit légume et la force de caractère qu’il lui a fallu pour résister et s’adapter : son niveau de piquant est sans doute une façon de nous le rappeler 😊
Astuces gourmandes
- Une touche relevée dans vos sauces : en cours de cuisson d’une sauce pour un ragoût, rajouter un piment entier en faisant attention de ne pas le percer : vous en aurez le goût avec beaucoup moins du piquant ; et servez à part le piment, pour que chacun le découpe dans son assiette
- Une touche relevée dans vos desserts : une petite touche dans une sauce au chocolat pour accompagner des fruits et réchauffer avec douceur le climat breton de Plougastel d’où viendraient les fraise, par exemple.
Conseils pour garder un bon souvenir d’un plat pimenté
- Rester Hydraté : boire beaucoup d’eau est crucial, mais évitez de boire pendant et juste après la dégustation d’un plat épicé. Cela peut en fait répandre la capsaïcine dans votre bouche et intensifier la sensation de brûlure.
- Le Lait est votre Meilleur Ami : la capsaïcine est liposoluble et neutralisable par la caseïne du lait, donc prévoyez du lait non écrémé, ou une glace si vous tentez une escalade de l’échelle de Scoville.
- Le pain et les féculents, d’autres amis sympas : l’amidon que contiennent ces ingrédients neutralisent le composant
- Commencez Petit: Si vous êtes nouveau dans le monde des piments, commencez avec des variétés plus douces et augmentez progressivement votre tolérance. C’est un marathon, pas un sprint, et on peut au final apprécier cette touche!
Conclusion: le piment, cœur battant du voyage gastronomique africain
Alors, que ce soit pour le frisson de la chaleur ou l’amour des saveurs profondes et complexes, l’histoire du piment et de l’échelle de Scoville sont au cœur du voyage gastronomique africain. Et qui sait ? Peut-être qu’après avoir goûté à la richesse de la cuisine africaine, vous commencerez à glisser un peu plus de piment dans vos propres plats. Juste une petite suggestion d’Ebi’nBi : allez-y progressivement.
En fin de compte, n’oubliez pas que derrière chaque piment se cache une histoire, un peuple et une culture. Lorsque vous dégustez un plat épicé, vous ne goûtez pas seulement à sa chaleur, mais aussi à son histoire. Alors, prêt à embarquer pour un voyage gastronomique africain plus ou moins épicé ? Votre passeport est prêt ; il ne manque plus que votre courage. Et peut-être un verre de lait… Juste au cas où !😉
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